
Pays d'Ailleurs

Pays d'Ailleurs, un voyage cathartique empreint de rêve et de fantastique...
Dans un appartement trois pièces avec balcon aux géraniums rabougris, une valise attendait après une voyageuse guère pressée de quitter son lit… Ophélie, parvenue à un âge d’équilibre, se prépare à partir pour rejoindre son amie, Agnès, dans le Morvan et ainsi découvrir la région de prédilection de cette dernière. Mais ce voyage, qui se voulait découverte et retrouvailles, s’avèrera bien plus profond et étrange que ce à quoi Ophélie pouvait s’attendre. Après une réflexion sur sa vie de femme, au volant de Passepartout et en compagnie de son incontournable Martin Peluche, qui ne la quitte pas depuis son enfance, la voyageuse, qui se croit sur le point d’arriver à bon port, s’égare dans la campagne morvandelle. Contrainte à passer une nuit de tempête toute seule en pleine forêt, cette femme sensible à l’imagination fertile, se retrouve face à des événements étranges qui l’attirent inexorablement vers un lieu aux personnages insolites, où les êtres et les choses semblent appartenir tout entier à la nature qui les entoure.
Jusqu’où Ophélie sera-t-elle prête à se laisser porter dans ce monde onirique, où la frontière entre rêve et réalité semble définitivement abolie ? Parviendra-t-elle à revenir de cet ailleurs, ou, portée par un sentiment enivrant de liberté et d’amour, se laissera-t-elle posséder tout entière par ces êtres et ces lieux, au point de ne plus pouvoir faire marche arrière ?
A travers ce voyage qui oscille sans cesse entre réalité et chimère, l’auteure nous entraîne, à la suite d’Ophélie, dans un monde extraordinaire, dans lequel on ne parvient plus à discerner ce qui est vrai de ce qui ne l’est pas. On se laisse happer tout entier par cette nature majestueuse, par ces lieux et ces personnages insolites, dans ce monde où tout est possible. Le lecteur reviendra transformé de ce voyage cathartique, qui fait la part belle à l’imagination et au rêve.
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Quelques extraits
Quatre parties structurent le roman : Ici, Là-bas, Partout, Ailleurs en même temps que le voyage d'Ophélie.
Dans la première partie, celle du départ, la voyageuse profite du trajet pour se remémorer les années passées.
Dans ce passage, elle se rappelle la fin de son mariage...
Ici

Derrière la fenêtre, elle regarde le jardin s’enfoncer peu à peu dans la nuit. À de brefs intervalles, il sort de l’obscurité, effleuré par le halo des phares d’un véhicule, jamais le sien. Le front appuyé sur la vitre froide elle reste indifférente à la lueur blafarde des réverbères, puis une lumière balaie la façade endormie : cette fois ci, c’est lui ! Elle recule. Ne pas se montrer, autrement, comment ignorer son retard. Elle file s’asseoir sur la banquette, ouvre le premier magazine venu. Elle lit. Du moins donne-t-elle l’apparence de lire. Dehors le moteur s’est tu. Une portière claque. Des pas crissent sur le gravier, résonnent sur les marches du perron. Une clef tourne, la porte d’entrée s’ouvre, se referme. Une veste accrochée à la patère, des pas dans le couloir, ils se rapprochent. Ophélie se penche sur la revue, vite, la remettre à l’endroit, Didier est là. Elle se contente de son maigre bonsoir. Peut-être n’ose-t-il pas déranger la lectrice accaparée par un article interrogateur : les hommes préfèrent-ils les blondes ? Lui montrer combien son arrivée est plus importante qu’un bout de papier : « Bonsoir ! Ta journée s’est bien passée ? ». L’a-t-il seulement entendue, occupée à faire les cents pas, à passer et repasser les doigts dans ses cheveux, signe de nervosité. Aller vers lui, l’embrasser. Il ne remarque pas le fourreau noir ni la nouvelle coupe de cheveux. Elle panique. Tout vient de la robe. Son ventre rebondi de femme aux trois enfants fait tache dans le tissu moulant. Elle ne perd pas courage et lui propose un apéritif. Il ignore la question comme il ignore la table nappée de blanc, la vaisselle des jours de fête et le chandelier avec les bougies prêtes à se consumer.
- « Les enfants ne sont pas là ?
- Non, ils sont partis chez Germaine et Gaston, je t’en avais parlé. Je prends un porto, et toi ?
- Un whisky. Tout compte fait ce n’est pas plus mal, je voulais te parler. ».
Oh, elle sent la tuile ! Il va lui annoncer une urgence de dernière minute. Continuer à jouer la décontractée, lui apporter son verre, l’inciter à s’asseoir devant son assiette où l’enveloppe couverte de petits cœurs aurait déjà du l’interpeller. Enfin, il la voit. Pourquoi reste-t-il sans réaction devant les deux billets. Sûrement la surprise. Oui, la surprise le laisse sans voix. Il va réagir, faire un bond, la prendre dans ses bras, il y a si longtemps qu’il ne l’a plus couverte de baisers. Il va lui dire « Oh, mon amour ! Quelle cachottière ! Un voyage à Venise ! À deux ! Ça ne pouvait pas tomber plus mal ! Hum non, je voulais dire mieux, depuis que nous en rêvions ! ».
La situation est trop alarmante pour continuer à faire la fanfaronne, même en pensée. Didier lui tend les billets : « Désolée Ophélie, je ne peux pas jouer l’hypocrite. Je n’irai nulle part avec toi, pas plus aujourd’hui que plus tard. ». Une voix incrédule questionne le fauteur de trouble : « Mais, pourquoi ? ».

Là-bas
Dans cette seconde partie, la frontière entre réalité et onirisme devient floue. Le lecteur, à la suite d'Ophélie, se perd dans la forêt et suit une ombre fantasmagorique, inéluctablement attirée par son aura et son mystère...
Chemin dans le Morvan, Jean-Baptise Camille COROT
Ophélie chercha du réconfort auprès de son compagnon pelucheux : « Tu dors ? Non, tu es comme moi, tu as la trouille. Tiens, imaginons un scénario catastrophe. Une rafale déracine un arbre : Crrr. Il tombe sur Passepartout : Splash. Dis-moi, quelle chance aurions-nous de survivre sans secours ? Beurk, quelle triste fin. Du moins pour moi car toi, créature faite de paille et de peluche, même aplatie tu ne ressentirais rien. ». Si elle s’était arrêtée de parler, elle ne le devait pas au silence entêté de son compagnon. À ça, elle était habituée. Mais là, à l’extérieur, l’obscur se remplissait de bruits lointains, furtifs, à peine audibles. Elle baissa la vitre, tendit son visage au sombre. La masse bruyante s’approchait, faite de craquements, de bruissements, et d’elle ne savait trop quoi encore. L’oreille aux aguets, les yeux sondant la nuit, elle suivait l’évolution des étranges bruits. Ils finirent par lui devenir familiers, même si la puissante galopade accompagnée de longs hennissements avait de quoi surprendre par une nuit pareille. Elle écouta encore. Aucun doute. Il y avait bien là, quelque part dans les profondeurs, un être qui menait sa monture d’un train d’enfer. Elle pesa très vite le pour et le contre : ne pas demander de l’aide l’obligerait à passer une nuit en plein bois, elle n’en avait guère envie ; chercher du secours, n’était-ce pas s’exposer à un danger ? Comment savoir à qui elle aurait affaire ? Elle décida de risquer le tout pour le tout. Les bruits se rapprochaient, elle devait agir, et vite. Pour attirer l’attention de l’inconnu elle alluma les phares avant de sortir précipitamment de la voiture. La pluie accentuait la zone d’ombre et le vent rendait difficile la perception de la course qui changeait constamment de direction, tantôt proche, tantôt lointaine, à la fois partout et nulle part. Elle la croyait à ses côtés, elle s’élançait dans les profondeurs. Elle l’entendait à droite, elle était à gauche. Devant, elle était derrière. Sur la route, elle était en plein bois. La galopade arrivait, s’enfuyait, tournait et virevoltait, revenait puis repartait. Prise de panique à l’idée de rater la rencontre de fortune, Ophélie appela : « Ohé ! Ohé ! Par ici ! » Plus elle appelait, plus le vent hurlait. Plus elle criait, plus il rugissait.

Le passeur, Jean-Baptiste Camille COROT (1865)
Partout
Dans cette troisième partie, intitulée “Partout”, Ophélie tente, à travers ses promenades dans le Morvan, de revenir dans la réalité. Mais, hantée par ce qu'elle a vécu, ses tentatives ne font que l'éloigner davantage du réel. Son esprit étant resté “Là-bas”, la frontière avec l'imaginaire est de plus en plus ténue.
Chaque randonnée apportait à Ophélie de mystérieuses réminiscences.
À l’une, elle refusa d’aller jusqu’au poteau placé au centre d’un carrefour. C’était inutile de se déplacer pour des points d’interrogation. Elle amusait Agnès et Marc. Au lieu de raconter des bêtises, elle ferait mieux de leur dire par où elle préférait passer. La sente aux cygnes, onze kilomètres ? Ou le chemin des lavandières, huit kilomètres ? Pas de points d’interrogation ? Pourtant, elle aurait juré que…
À l’autre, elle laissa partir ses compagnons, attirée par un chêne au port majestueux, à la cime couronnée d’or. La tête appuyée contre l’écorce sillonnée de crevasse, elle se mit à la caresser. La bise s’éleva, légère. Le vieil arbre gémit : « Ophélie ! Ophélie ! » Elle chercha autour d’elle. À part Agnès et Marc, il n’y avait personne. Pourtant, elle aurait juré que…
Il y eu encore un retour au crépuscule. Dans l’après-midi Marc leur avait fait miroiter un panorama beau à couper le souffle. Pour s’y rendre, ils avaient emprunté un chemin abrupt pris dans un fouillis de ronces et de fougères. La difficulté en valait la peine. Devant eux s’étalait un plateau couvert de résineux. À l’extrémité, le vide. En bas, une mosaïque aux carrés verts, jaunes et bruns, un étang argenté, un semblant de route se devinait au milieu des arbres et, dépassant à peine de la masse feuillu, un vieux toit. Savaient-ils qui vivaient dans un endroit aussi perdu ? Non, ils l’ignoraient. Marc les avait arrachés à leur contemplation, il était temps de partir. Une pluie fine, la première de son séjour, s’était mise à tomber et la terre asséchée distillait des odeurs de mousse et de feuilles. Une vapeur légère et mouvante monta du sol attiédi, couvant d’un voile laiteux les sous-bois. Des formes évanescentes s’en échappaient pour venir guetter le passage de la petite troupe. À leur approche elles se changeaient en d’insignifiants rondins, modestes bosquets ou discrets talus, prêts à se transformer plus loin en nouvelles ombres inachevées. Le trio avançait, irréel au milieu de la nuée blanchâtre où seul le bruit de la pluie troublait l’ineffable silence qu’aucun d’eux ne s’aventurait à rompre, de peur de voir surgir une force inconnue.
Alors qu’ils étaient sur le point de rejoindre la route et que les premières lueurs crépusculaires se distinguaient de la masse fuligineuse des arbres, des spirales de vapeur s’échappèrent de la profondeur, entraînant à leur suite le bruit sourd d’une chevauchée. Un cheval hennit, une voix appela : « Ophélie ! Ophélie ! ». À la frontière d’un vague ailleurs, la silhouette d’un cavalier et de sa monture venaient d’apparaître. Enfin, elle allait savoir !
Dans la dernière partie, tout devient possible pour Ophélie, sauf revenir à sa vie d'avant et rentrer dans son petit appartement parisien comme si rien de tout cela n'était arrivé…

Un étang dans le Morvan, Charles François Daubigny
Derrière elle des grincements l’avertissaient que quelque chose se mettait en mouvement. Trop tard. Quand elle regagna le carrefour, ce fut pour voir tourner dans un bruit sinistre l’oiseau de basse-cour. Dans une ronde infernale il entraînait les flèches emplumées qui semèrent la pagaille, déplaçant le Sud vers le Nord, l’Est vers l’Ouest, à moins que l’Est soit Sud et l’Ouest, Nord. Ophélie se mit à tourner autour de la girouette, tentant de suivre la flèche méridionale, ce qui finit par la déboussoler. Et maintenant, des quatre routes, laquelle était la sienne... Celle-là ? Celle-ci ? Cette autre ? Cette dernière ? Elle fit un rapide calcul. Elle avait tout au plus marché un kilomètre, donc pas de quoi s’affoler. Logiquement, se dit-elle, si elle les empruntait une à une, elle finirait forcément par retrouver la sienne.
La marcheuse espérait revoir les zigzags qui l’avaient conduite jusqu’ici, or la ligne droite se tenait indéfiniment droite. Inutile d’insister, elle n’était pas arrivée par là. Elle emprunta la seconde voie. Même constatation. De retour au point de départ, elle ne pouvait ignorer l’ombre naissante et encore moins le poteau coiffé de l’étrange girouette qui, sous la force du vent, pirouettait de plus en plus vite. Du haut de son perchoir le coq prenait des allures fantasmagoriques. La tête tournée vers l’infini, il jetait des cocoricos éraillés alors que ses plumes rouillées s’ébrouaient, que ses ergots se desserraient, que son être d’acier inspirait à un proche envol. Malgré l’étrangeté de la chose, que l’oiseau oxydé réussisse ou ne réussisse pas à abandonner ici les fauteurs du méli-mélo, les points cardinaux, indifférait l’égarée, prise comme elle l’était dans son propre tourbillon. Elle se pressa de prendre la troisième route, plus très sûre d’elle-même. Et si elle avait mal estimé la distance entre la voiture et le carrefour ? Les kilomètres et elle n’avaient jamais fait bon ménage. Là où elle avait pensé un, il y avait peut-être deux ou trois, ce qui signifiait qu’un des chemins empruntés aurait pu être le bon, autrement dit, elle pouvait avoir tout à recommencer... Elle imaginait mal la soirée, forcée de continuer à tourner autour du poteau, sortant d’une route pour en prendre une autre qu’elle quitterait pour la suivante. Mais quel était donc ce labyrinthe ? Son Minotaure serait-il le coq rouillé ? Aurait-il pour mission d’attirer à lui les promeneuses solitaires pour les perdre dans un dédale de chemins ? Et dans quel but ? Ophélie paniqua. Elle se mit à courir. Un point de côté la cloua sur place. Les mains appuyées sur la source de la douleur, elle peinait à reprendre sa respiration, se méfiant des sous-bois, craignant de voir surgir le lion de Tartarin de Tarascon, le chien des Baskerville ou la bête du Gévaudan.
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