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De la petite fille qui lit à la jeune femme qui écrit

 LA PETITE FILLE QUI AIMAIT LIRE...

 

Le plaisir de s’abandonner à la lecture devait sommeiller en elle, sorte de besoin naturel qui attendait pour se manifester qu’apparaisse une faille dans la vie de la petite fille. C’est ainsi qu’à l’âge de sept ans, atteinte de tuberculose, elle fut placée dans un préventorium, Le Minoret, à Champrosay, où elle vécut dix-huit mois en compagnie d’autres enfants qui souffraient du même mal.

 

La petite fille ne se rappelait que très vaguement de son apprentissage de la lecture, si ce n’est quelques bribes de souvenirs où, assise près de sa maman, elle ânonnait des voyelles, des syllabes et des sons. Au fil des premiers mois ces « ba, be, bi, bo, bu », répétés pour chaque consonne, finirent par former des mots puis des phrases qui lui permirent, cours préparatoire oblige, de déchiffrer plus que lire de courts récits. L’amélioration de la technique de lecture se fit au cours élémentaire première année, grâce aux nombreuses histoires que renfermait le livre scolaire. La petite fille devenue femme se souvenait de cette étrange maladie, nommée dans un vieux livre de lecture aux pages chiffonnées et jaunies par bien des doigts d’écoliers qui l’avaient précédée : « LA MALADIE DES DOIGTS ÉCARTÉS ». Cette surprenante affection obligeait un petit garçon à porter un appareil, sorte de bagues en fer qui encerclaient chaque doigt, l’empêchant ainsi de saisir son ballon, ses petits soldats de plomb, mais aussi de tenir une sucette, un caramel et, sans être celle de Proust, une succulente madeleine. La lecture devait se vouloir morale puisque ce mal atteignait tous les enfants qui, comme lui, refusaient d’aider leur maman dans quelques tâches quotidiennes.

Pour la petite fille qui arrivait au préventorium, là s’arrêtait son apprentissage de la lecture et le souvenir qu’elle avait alors du seul livre qu’elle possédait, prix d’encouragement reçu à la fin du Cours Préparatoire, davantage intéressée par les dessins représentant cette famille lapin que par le texte.

Sans le vouloir et tout à ses regrets d’avoir quitté ses parents et cette fratrie de trois frères et sœurs, l’enfant allait vivre durant près de deux ans une « vie de château ». Ceci dit avec ironie, puisque cette perfide maladie avait galopé, causant déjà de graves lésions à un poumon, ce qui allait l’obliger en plus de suivre un long traitement, de vivre coupée du monde des « bien-portants », à l’exception de ses parents qui pouvaient venir la voir un dimanche après-midi sur deux.  Cette retraite forcée se faisait donc dans un château entouré d’un grand parc ; il fallait juste oublier lorsque les enfants s’ébattaient dans cette saine verdure, les hauts murs qui les séparaient de la forêt de Sénart, là où bruissaient mille et un bruits chargés de mystère pour la petite fille et ses comparses qui, selon leur degré de maladie, se voyaient gronder si elles avaient trop couru, sauté ou s’étaient trop livrées aux gambades si appréciées des jeunes enfants.

 

 

 

 

 

 

Et les livres dans toute cette histoire me direz-vous ? Nous y arrivons. 

Lors de son arrivée, durant un certain laps de temps que la petite fille ne sut comptabiliser, elle n’eut pas le loisir de découvrir son nouveau royaume ni les compagnes avec qui elle partagerait le même sort. Conduite après de tendres au revoir à ses parents, elle disparut dans un monde ouaté, aux odeurs d’eau de javel et d’éther, là où plus qu’ailleurs, aucun bruit ne parvenait de l’extérieur. Entre les soins et la mise en place d’un traitement, elle vécut dans une chambre où murs, plafonds, literie éclataient d’une blancheur immaculée qui s’alliait au teint palot et aux yeux cernés des jeunes malades.

Et c’est là que les livres firent leur apparition !

Allongée dans la blancheur, la petite fille fut éveillée par des pas légers. Ils glissaient dans le couloir à un moment inattendu ; l’heure de la toilette, les soins du matin et le déjeuner étaient passés. Tel un ange céleste, une ombre se dessina sur le seuil. C’était une de ces bienveillantes religieuses qui s’occupaient si gentiment des fillettes confiées à leurs soins. Inquiète pour sa nouvelle protégée au regard noyé de tristesse, pour sa maigreur et sa fatigue, elle avait quitté brusquement ses sœurs en prière dans l’église du château, leur abandonnant ses Ave et ses Pater, désireuse de lui remettre au plus vite un échappatoire à cette vilaine maladie. Un sourire céleste sur les lèvres, confiante sur l’effet bénéfique que pouvait apporter la lecture à une jeune enfant plutôt que des prières, elle lui tendit son tout premier livre de la bibliothèque rose : « Lisez mon enfant, la lecture vous aidera à supporter vos épreuves. ». C’est ainsi que la petite fille se mit à lire, lire, lire…

Au cours de ces dix-huit mois, alors qu’elle ne pouvait quitter le château et le parc, l’enfant ne se sentit jamais prisonnière des lieux ni de sa maladie. Grâce à cette religieuse, elle découvrit quel plaisir pouvait apporter le monde des livres. Ainsi son corps astral voyageait à sa place et vivait les extraordinaires histoires que racontaient les auteurs de la Bibliothèque Rose, Verte, Rouge et or. Les héros de la comtesse de Ségur lui tinrent compagnie à l’infirmerie et quand elle regagna le groupe des Pervenches (chaque tranche d’âge avait droit à un nom de fleurs), elle profitait des longues pauses de l’après-midi. C’est ainsi qu’allongée sur une chaise longue dans une vaste pièce qui bénéficiait du jour et du soleil grâce à la baie qui la longeait, elle faisait partie de la troupe de Vitalis et partageait les tours de Capi avec Rémi ; elle courait le long du Mississipi avec Tom Sawyer ; elle descendait au Centre de la terre avec le professeur Lidenbrock et Axel ; elle partait à la recherche de l'Île au trésor ; elle suivait les feux follets avec la Petite Fadette…

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Et elle lisait, lisait, encore et toujours plus, jusqu’au jour où, guérie, elle franchit la porte qu’elle avait passée dix-huit mois plus tôt, au bras de ses parents. Ce n’est pas pour autant que la petite fille, en abandonnant sa retraite et en s’ouvrant au monde des « bien-portants », abandonna la lecture, bien au contraire. Cinquième d’une famille de six, les aînés lui proposèrent des ouvrages qui différaient selon le goût des uns et des autres. Grâce à eux, elle découvrit, entre autres, les romans des sœurs Brontë, de Victor Hugo, de Maupassant… auxquels s’ajoutèrent des auteurs russes : Tolstoï, Dostoïevski…, des auteurs anglais : C. Dickens, V. Woolf... puis elle fut capable de faire son choix par elle-même.

Accaparée par la vie, le travail, les enfants, les joies et les soucis, la petite fille devenue femme sut toujours réserver une place à la lecture, sa fidèle amie, sa compagne, depuis ce jour où, loin de sa famille, malade, une religieuse lui avait mis dans les mains un livre. Depuis, les livres ne la quittent plus et continuent à la surprendre, à la faire rire, pleurer, à l’interroger, à l’émerveiller.

 

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 LA PETITE FILLE QUI AIMAIT ÉCRIRE...

 

Écrire, écrire.

Entre lire et écrire, il n’y avait qu’un pas à franchir et c’est ce que fit la petite fille. Au préventorium, elle commença à amuser ses compagnes en griffonnant de petites histoires sur des cahiers que leur donnaient les religieuses puisque, chaque matin, ces femmes dévouées enseignaient le français et les mathématiques (à l’exception du jeudi et du dimanche, matinées réservées au catéchisme et à la messe). Elles suivaient tous les niveaux, sans exception. Malheureusement ces connaissances furent dédaignées par la directrice, école laïque oblige, et l’enfant qui avait quitté en novembre l959 le cours élémentaire première année réintégra la même classe en Mai 1961, dix-huit mois plus tard, sans que personne ne tienne compte de ces heures passées à apprendre et faire des exercices sur les nombreuses règles de français, les verbes irréguliers, les accords ainsi que les problèmes de trains qui se croisent et s’entrecroisent et de baignoires qui se remplissent et se vident.

 

Écrire, écrire. 

Cette abondance de lecture qui était la source de son imaginaire, lui permit de continuer à créer des histoires que lisaient et réclamaient les camarades de classe et les amies. 

Ses parents, notant sa propension pour l’écriture, lui confièrent le soin des échanges épistolaires entre eux et la famille du Sud. La petite fille régala les tantes et sa grand-mère par ses lettres. Elle leur racontait les péripéties de la famille du Nord qui avait déserté leur si belle Provence pour une poignée de figues, que mon pauvre père ne réussit même pas à avoir.

 

Écrire, écrire. 

Ce besoin chez la petite fille était récompensé, quand la maîtresse lisait le samedi, en fin d’après-midi, pour reposer les élèves du labeur de la semaine, la rédaction qu’elle leur avait donnée à faire, devenue petite histoire pour l’enfant imaginaire. 

 

Écrire, écrire, toujours plus.

Les compositions françaises au collège devinrent également une source de création, fréquemment lues à la classe entière, place qu’elle partageait avec Angèle, autant lectrice qu’elle l’était.

 

Écrire, écrire, encore et encore.

La petite fille devenue jeune fille commença son journal intime, qu’elle garda jusqu’à la naissance de son premier enfant. Là, prise par son rôle de maman et d’épouse, elle se dit que si les livres avaient toujours leur place, l’écriture était une occupation trop importante et minutieuse pour être traitée entre une tarte aux pommes et une blanquette, un balai et un chiffon à poussière, un enfant réclamant de la tendresse et un enfant l’accaparant. Elle jeta son journal et jugea plus sage de patienter, se contentant de noter sur un carnet des idées puis, quand ses trois chrysalides devinrent papillons, quand chacun à leur tour déplièrent leurs ailes pour prendre leur envol, quand elle bénéficia de beaucoup d’heures de libre, elle sut que le moment était venu de ressortir ces notes qui représentaient des années de sujets en attente.

Et voilà comment la petite fille qui aimait lire et écrire, libérée de bien des contraintes, disposant de beaucoup de temps et forte d’une longue expérience de vie, peut s’adonner aujourd’hui à ses deux plaisirs : la lecture et l’écriture.

 

ooOoo

 

Si la tuberculose a privé l’auteur de l’affection des siens durant dix-huit mois, si elle l’a empêchée de poursuivre des études comme elle aurait aimé le faire, si elle lui a laissé une certaine faiblesse pulmonaire, en compensation, elle lui a fait don d’un magnifique cadeau : un livre, un simple livre offert par l’intermédiaire de cette bienveillante religieuse plus proche du ciel que de la terre. Si bien que la petite fille trouva aussi son propre Eden, où les arbres faisaient pleuvoir des mots qui, portés par le vent, donnaient naissance à des aventures extraordinaires, à des personnages étonnants, de quoi peupler son âme d’un ailleurs qu’elle aimerait, maintenant, partager avec vous pour qu’à votre tour, las du quotidien, vous puissiez voyager dans un monde où tout devient possible.

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Questionnaire de Proust...

L'auteure s'est prêtée à l'exercice, pas si évident, du questionnaire de Proust. Il s'agit d'un test de personnalité rendu célèbre par les réponses que Marcel Proust y a apportées en 1886, alors qu'il effectuait son service militaire à Orléans. Il a été vendu aux enchères 102 000 euros en 2003.

Quel(le) est :

Le principal trait de votre caractère ?

Mon entourage me dit : gentille.

La qualité que vous préférez chez un homme ?

Dommage que ce soit au singulier. Je me contenterai donc de dire : le respect de la femme mais aussi des enfants.

La qualité que vous préférez chez une femme ?

La douceur.

Votre principal défaut ?

Mon manque de confiance en moi.

Ce que vous appréciez le plus chez vos amis ?

Leur fidélité, leur sincérité, leur compréhension, leur présence.

Votre occupation préférée ?

La littérature.

Votre rêve de bonheur ?

Être toujours entourée de mon mari, mes enfants, et de tous les êtres qui me sont chers.

Quel serait votre plus grand malheur ?

De finir seule.

Ce que vous voudriez être ?

Ce que je suis.

Le pays où vous désireriez vivre ?

Là où je suis née, la France.

La couleur que vous préférez ?

Le jaune pour sa luminosité.

La fleur que vous aimez ?

La violette.

L'oiseau que vous préférez ?

La chouette

Vos auteurs de prose favoris ?

Ils sont nombreux à être mes favoris : H. de Balzac, V. Hugo, J. B. D’Aurevilly, G. Sand, E. Zola, Colette, H. Bosco, J. Giono, M. Genevoix, M. Pagnol… mais aussi des auteurs russes tels : Tolstoï, Dostoïevski, Nina Berberova… des auteurs anglais : C. Dickens, les sœurs Brontë, V. Woolf…, autrichien : Stefan Zweig.

Vos poètes préférés ?

V. Hugo, Alfred de Vigny, Lamartine, E. Verhaeren, Lucie Delarue-Mardrus…

Vos héros de fiction favoris ?

Jean Valjean, Raboliot, Jean de Florette.

Vos héroines de fiction favorites ?

Jane Eyre, Mme Bovary, Anna Karénine

Vos compositeurs préférés ?

F. Chopin, F. Liszt, Smetana, Tchaïkovski, J. Brahms, J.S. Bach…

Vos peintres favoris ?

Mme Vigée Lebrun, Séraphine, Gauguin, Manet, Monet, Berthe Morisot…

Vos héros de vie réelle ?

Face à tous ceux qui détruisent des vies physiquement ou mentalement, ceux qui luttent et se battent pour qu’ils continuent de vivre par le corps et l’esprit.

Vos héroines de vie réelle ?

Marie Curie, Coco Chanel, Anne Frank

Ce que vous détestez par dessus tout ?

Le mensonge. La vantardise. La couardise.

Les événements historiques que vous détestez le plus ?

Tous les événements qui ont engendré la violence, la torture, les guerres, les exterminations…

Le fait militaire que vous estimez le plus ?

Je ne peux admirer aucun fait militaire puisque « militaire » s’associe pour moi à la guerre, la destruction, la mort, la violence, la douleur et la désolation.

La réforme que vous estimez le plus ?

Il y en a plusieurs. Je dirai toutes celles qui touchent le droit des femmes.

Le don de la nature que vous voudriez avoir ?

Sa détermination à toujours renaitre à chaque saison, à chaque séisme, à chaque destruction provoquée par l’Homme.

Comment aimeriez-vous mourir ?

Chez moi, durant mon sommeil.

Votre état d'esprit actuel ?

Sereine pour moi mais angoissée pour nos enfants et petits-enfants.

Votre devise ?

Croire et toujours espérer en la vie.

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